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ARCHIVES

Des élites réflexives : Socialisations et dynamiques des constructions de genre

Comité d’organisation : Cynthia Colmellere (Sociologue, Enseignante-Chercheur CentraleSupélec) et Natacha Chetcuti-Osorovitz (Sociologue, chargée d’enseignement CentraleSupélec).

Résumé : Les classes préparatoires et les grandes Ecoles ont été étudiées comme des lieux de reproduction et de consécration d’une élite sociale, fondées sur un processus de sélection d’une population qui reste homogène (Bourdieu, 1989, Darmon, 2012). Accréditant l’idée méritocratique, ces établissements travaillent à faire reconnaître un groupe d’individus pour ses compétences spécifiques. Ces mécanismes de reproduction sociale sont rendus possibles par un entre-soi issu de processus de sélection et renforcé par un « enfermement symbolique » (Bourdieu, 1989). Cet entre-soi qui dépasse le cadre scolaire, fixe autant de repères qui permettent aux individus tout à la fois de se reconnaître eux-mêmes, d’être reconnus par leur institution et en dehors. Il renforce et naturalise le sentiment de fraternité intellectuelle et sociale. Ainsi, les compétences et les aptitudes, les goûts et les inclinations apparaissent comme des évidences partagées.

Les élèves de grandes écoles d’ingénieurs font partie de cette élite en formation. Ils démontrent un ethos particulier fondé sur l’autonomie, l’individualisme, la maîtrise de savoirs scientifiques et technologiques, la compétition et l’attachement à la qualité de génie – qui permet de réussir sans effort (apparent tout au moins) – (Leonardi, 2003). Ces différentes caractéristiques s’appuient sur des stéréotypes masculins très affirmés qui contribuent à expliquer la lente féminisation et la persistance d’inégalités de genre dans la profession d’ingénieur (Marry, 2004).

La plupart des travaux sur ces terrains ont été menés par des chercheurs extérieurs à l’institution (Cuche, 1988)  ou par des enseignants de l’institution (Weber, 2012, Grousset-charrière, 2012), dont certains sont des anciens élèves (Khan, 2015).

Cette journée d’étude vise à enrichir la compréhension de la construction des inégalités sociales et de genre dans ces univers. Il s’agit de croiser des enquêtes issues d’un regard porté depuis l’intérieur de ces institutions, avec des travaux sociologiques plus généraux sur la construction de ces inégalités dans le monde professionnel.

Trois des enquêtes présentées et discutées dans cette journée d’étude ont été menées par des élèves ingénieurs qui découvraient la sociologie et se formaient à l’enquête ethnographique. Il s’agissait pour eux de construire un regard distancié pour dénaturaliser un quotidien familier, des relations fondées sur des stéréotypes, des normes, des valeurs. L’enjeu était de comprendre les dynamiques de socialisation desquelles ils sont acteurs et qui les constituent parce qu’elles sont au cœur de la reproduction des inégalités.  La question des inégalités de genre a établit un point d’entrée pour deux de ces enquêtes car les qualités et les normes valorisées sont fondées sur les stéréotypes de réussite masculine. La troisième enquête porte sur la socialisation extra-scolaire des élèves à travers leur engagement dans des associations étudiantes.

Ces travaux sont discutés et mis en perspectives avec des travaux sur les inégalités de genre dans le monde professionnel, les stéréotypes de masculinités, les relations entre genre et violence dans l’espace public.

à l’ENS Cachan, Salle Renaudeau, Bâtiment Laplace
61 avenue du Président Wilson, 94235 Cachan

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Maître de conférences en sociologie, HDR (Habilitée à diriger des recherches) — Département Sciences Humaines et Sociales.
Chercheure au laboratoire Institutions et Dynamiques Historiques de l’Economie et de la Société (IDHES- UMR 8533) de l’Ecole Normale Supérieure de Paris Saclay.