RECHERCHES

2016-2019
Genre et violence. Enquête sur les situations des femmes en prison pour de longues peines – Vigi-Femmmes.

STRIGES (Structure de recherche interdisciplinaire sur le genre, l’égalité et la sexualité) – MSH– Université Libre de Bruxelles (Belgique). Recherche financée par la Commission Interministérielle prevention déliquance et radicalisation (CIPDR), la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP) et le Service des Droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes (SDFE).

Natacha Chetcuti-Osorovitz et Patricia Paperman
Objectifs :

1) Explorer les conditions matérielles de vie des femmes détenues pour de longues peines et comprendre la place et les usages de la violence dans la reconfiguration des normes de genre.
Cette recherche vise à rassembler des données sur les conditions matérielles de vie des femmes incarcérées pour de moyennes et longues peines, afin de mieux comprendre la place et les usages de la violence, que ce soit dans les formes de sociabilité entre détenues ou dans les parcours de vie qui les ont menées en prison. Le questionnement en termes de genre est encore relativement peu employé sur ces terrains or, nous formulons l’hypothèse qu’il permet d’analyser la structure des relations entre détenues, dans le recours à la violence. Il s’agit de comprendre comment ces formes de violence s’expriment et reconfigurent les normes de genre, à l’intérieur des formes de sociabilité, mais aussi comment elles encadrent, limitent ou rendent possibles des formes de solidarité et d’entraide.

2) Ouvrir la Sociologie de la prison aux questions de genre à un nouveau champ de recherche : la sociologie genrée de la prison.

2015 – 2017
The Emergence of New Forms of Anti-Semitism in the Context of Gender Equality and Sexuality Policies in France.

The Vidal Sassoon International Center for the Study of Anti-Semitism – The Hebrew University of Jerusalem, Mont Scopus.

Mon projet analyse les liens entre genre, sexualité et antisémitisme. Je cherche ainsi à décrypter  la notion d’ordre telle qu’elle se donne à voir aujourd’hui et le rôle de ses usages sociaux et politiques dans la construction des identités militantes. Pour ce faire, je partirai de l’étude des mouvements d’opposition au mariage homosexuel et à l’homoparentalité.
Je montrerai que le courant de pensée nationaliste, catholique et proche de l’extrême-droite qui s’est levé en 2012 s’organise autour de formes renouvelées d’antisémitisme dont il transforme l’expression publique.
Au croisement de la sociologie des mouvements sociaux et de la sociologie du genre, mon projet poursuit deux objectifs.

Le premier objectif est d’analyser comment l’égalité en matière de genre et de sexualité fait émerger de nouvelles expressions antisémites dans les mouvements réactionnaires et nationalistes en France. Le second objectif est l’analyse des enjeux socio-politiques qui sont à l’œuvre dans ces expressions renouvelées de l’antisémitisme.

Le second objectif suppose quant à lui de se fonder sur l’observation ethnographique des groupes militants contre la « loi Taubira » et contre la « théorie du genre ».

Mots clés : Genre, ordre sexuel, mouvement social, antisémitisme, égalité des droits, mariage, homoparentalité, citoyenneté

 

2013-2014
The Reception of Queer Theory in France. Towards a Sociology of Interpretative Communities, projet dirigé par Bruno Perreau.

MIT Boston (EU)

Cette recherche porte sur le retour de la French Theory en France. À partir de l’étude des échanges intellectuels, politiques, artistiques et militants autour des enjeux de genre et de sexualité de part et d’autre de l’Atlantique, cette recherche interroge les formes complexes que peuvent revêtir les discours identitaires et, partant, la notion de culture elle-même. Basée sur une cinquantaine d’entretiens semi-directifs, sur des notes de terrain (observation et participation), sur une analyse d’archives associatives et de presse, et sur l’étude des effets de la traduction sur les textes eux-mêmes, ce travail a pour tâche de résister à une interprétation du phénomène queer par la supposée globalisation des catégories de pensée. Fidèle aux préceptes anthropologiques de Clifford Geertz, on cherche au contraire à montrer les points de passage, les blocages, les confrontations et les hybridités que recèlent les échanges transatlantiques en matière de genre et de sexualité.

Mots clés : Traduction, genre, queer, subjectivités politiques, territoires.

 

2012-2013
Laïcité et féminismes en France discriminations de genre et formes de politisation

Equipe Genre, Travail, Mobilités, (GTM – CRESPPA) CNRS

Fondé sur une ethnographie des parcours et des expériences de groupes minoritaires,  médiatisés à la faveur de mobilisations féministes durant la dernière décennie, cette recherche s’est centrée sur l’analyse des controverses concernant le pacte laïc en France. Le lien entre laïcité, descendantes d’immigrés et égalité entre les sexes apparaît plus que jamais au centre du débat public français.
Récusant la pensée binaire entre deux modèles républicains, au principe des stratégies argumentatives présentes dans le débat politique, les discours savants et les grammaires militantes, cette étude s’est penchée sur l’étude des épreuves discriminatoires auxquelles les femmes ethnicisées sont confrontées dans le débat public et les mobilisations collectives, pour rouvrir la forclusion d’un débat. Les différends autour de la loi sur les signes religieux à l’école, ceux concernant les violences faites aux femmes, jusqu’au récent débat sur la légalisation du mariage « homosexuel » ont ainsi été privilégiés. Une ethnographie de la complexité des tensions croisées entre laïcité, citoyenneté, hétéronormativité et genre suppose que le fait minoritaire ne précède pas l’analyse, mais qu’il s’en dégage à partir des expériences.

Mots clés : Laïcité, égalité femmes/hommes, minorités, citoyenneté, politisation.

 

03/2010 – 03/2012, post-doc
Homosexualité, bisexualité féminine et contextes préventifs

POST-DOCTORAT

Laboratoire Inserm U 340, CNRS URA 1457, projet financé par l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le Sida).
Responsable de la recherche : Nathalie Bajos.
Très peu de recherches sur la sexualité en France ont pris en compte celle des femmes bisexuelles et homosexuelles, alors que les données disponibles font apparaître un contexte épidémiologique des IST et infection VIH qui s’est sensiblement modifié depuis une dizaine d’années, allant vers une féminisation de l’épidémie. Les données (CSF, 2008 ; ANRS 2008) ont montré que les femmes qui déclarent des pratiques homosexuelles ont souvent un nombre plus important de partenaires et une prévalence plus élevée d’IST que les femmes qui n’ont que des partenaires masculins. À partir d’une enquête sociologique par entretiens semi-directifs (30) auprès d’une trentaine de femmes homosexuelle et bisexuelles, cette recherche a eu pour objectif de caractériser les spécificités de leurs parcours, afin de saisir les logiques sociales qui structurent leurs trajectoires socio-sexuelles dès l’entrée dans la sexualité et leurs rapports aux risques liés à la sexualité. L’analyse des manières dont les femmes bisexuelles et homosexuelles se pensent et se situent par rapport à la norme sexuelle et à celle de genre par l’auto-nomination et le sens donné aux différentes expériences sexuelles selon les réseaux sociaux, l’âge, le type de partenaire sexuel, le moment de la biographie socio-sexuelle et le statut social, a permit de mettre au jour les conséquences d’une non reconnaissance des sexualités jusqu’à présent invisibilisées. Et par là même d’interroger les effets des différents modes d’auto-nomination sur les prises de risque en matière de santé sexuelle. L’analyse conduite en fonction de l’auto-nomination a permis d’éclairer la nature des risques et de la « vulnérabilité » au coeur même des contraintes sociales. C’est parce que les risques, dans un contexte d’homosexualité et de bisexualité féminine, se situent dans une spécificité qui est celle de l’invisibilité sociale que leur prise en compte, articulée à celle de la contrainte hétérosexuelle, permet de repenser les enjeux préventifs. Un tel diagnostic a permis de proposer des résultats descriptifs d’abord, compréhensifs ensuite, pour éclairer des enjeux de santé publique jusqu’ici méconnus sur le plan qualitatif. Cette enquête a donné lieu à une aide à l’élaboration de messages préventifs spécifiques destinés jusqu’alors davantage à la population homosexuelle masculine et hétérosexuelle.

Mots-clés : Sexualité, bisexualité, homosexualité féminine, auto-nomination, norme hétérosexuelle.

 

Ouvrage tiré de ma thèse d’anthropologie sociale.
Thèse soutenue le 18 décembre 2008 > Mention Très Honorable.
Félicitations du jury à l’unanimité.
Laboratoire d’Anthropologie sociale. EHESS, Paris.
Normes socio-sexuelles et lesbianisme.

Définition de soi, catégorie de sexe/genre et script sexuel

Jury : Marie-Elisabeth Handman (directrice), Michel Bozon (président), Eric Fassin (membre), Paola Bacchetta, Michèle Ferrand (rapporteures).

Normes socio-sexuelles et lesbianisme
 : Définition de soi, catégorie de sexe/genre et script sexuel

À partir d’une enquête par entretiens auprès de 21 lesbiennes et d’une observation de terrain, cette thèse se propose de rendre compte de l’élaboration des normes socio-sexuelles des lesbiennes. Au-delà de l’analyse des discours sur les pratiques sexuelles, ce sont les manières dont les lesbiennes se pensent et se situent par rapport aux contraintes normatives de genre qui sont mises au jour dans cette étude. 
Par-delà la diversité des parcours pèse sur le processus de formation de soi des gais et des lesbiennes la contrainte normative à l’hétérosexualité, mais la force de cette contrainte n’opère pas de la même façon pour les deux sexes. En effet pour les lesbiennes, la question de l’invisibilité est intrinsèquement liée au statut social femme. Le but de cette recherche est de révéler, en s’appuyant sur les conceptions contemporaines du lesbianisme (mode de nomination de soi, pratiques de couple, composition du script sexuel), une réalité peu analysée en sciences sociales, et de contribuer à interroger la catégorie femme et l’organisation hétérosociale dans laquelle elle se définit. 
Analyser les trajectoires lesbiennes permet d’interroger par la marge un ensemble de normes sociales régissant la sexualité, le couple, les représentations sexuées inhérentes à la norme androcentrée. Il en découle les questions suivantes : comment se définit-on lesbienne dans un contexte hétérosexiste ? Par quel processus peut-on se penser et se présenter aux autres ? Comment définit-on le couple quand les catégorisations de sexe ne sont pas le principal référent ? Et enfin, comment s’organise la sexualité quand elle ne repose pas sur la division hiérarchisée des sexes ?

Mots clés : genre, couple, lesbianisme, script sexuel, hétérosexualité, norme.