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#3 – Genre et monde carcéral — ” L’expérience de la privation de liberté de jeunes filles au Brésil et en France “

3e séance du séminaire « Genre et monde carcéral : Disciplinarisation de la peine et expériences des violences », MSH Paris-Saclay et IDHES/ ENS Paris-Saclay (Antenne Cachan)

Avec : Dominique Duprez, Directeur de recherche CNRS au CESDIP (CNRS – UVSQ – UCG – Ministère de la Justice)

Plusieurs années d’enquête au Brésil et en France pour arriver au même constat : la supposée neutralité axiologique des chercheurs dans l’étude des lieux de privation de liberté montre que la plupart des travaux font l’impasse sur la question du genre, et donc sur le traitement inégalitaire garçons/filles par les institutions de contrôle. Les filles restent assignées à des positions de victimes et les recherches ne font généralement que redoubler le processus pénal. Comme l’a montré l’ouvrage collectif dirigé par Coline Cardi et Geneviève Pruvost (2012), le déni historique de la violence des femmes persiste et contribue au sous-enregistrement de la délinquance des filles et à sa requalification comme « hors cadre ».

À partir d’une comparaison des placements, en France, des jeunes filles en centre éducatif fermé (CEF) et en maison d’arrêt, nous essaierons de montrer l’intérêt heuristique d’une approche en termes de genre pour appréhender la diversité des expériences de l’enfermement. Les structures fermées accueillant les filles sont rares, elles sont donc éloignées de leur environnement familial et social, rendant plus délicat la construction d’un projet pour leur sortie et leur réinsertion sociale. Ces observations rejoignent le constat fait au Brésil après l’étude d’un panel de jeunes filles placées dans un centro de internaçao. Loin d’une neutralité axiologique aveugle aux effets du genre, nous présenterons une approche alliant implication et empathie avec les “mauvaises filles” avec objectivation et distanciation grâce à l’exercice de la réflexivité sociologique.

Un autre volet de notre communication soulignera que l’analyse des parcours dans la délinquance, nous indique qu’il n’existe pas de singularité des actes commis par les filles tant au Brésil qu’en France : vols, destructions, violences, commerce de drogue, séquestration, agressions sexuelles, etc. Si singularité il y a, elle est à rechercher dans la réaction sociale qu’elle suscite. Maintenues plus longuement dans un parcours de protection de l’enfance (à l’exception notable des jeunes filles désignées comme “Roumaines”), elles ne sont pas pour autant mieux “protégées” au sens où elles n’accèdent souvent pas aux mêmes ressources que les garçons pour soutenir leur sortie d’un parcours de délinquance, en particulier en termes d’insertion professionnelle.

Le lundi 10 Décembre 2018 de 14h à 16h30
ENS- Paris Saclay / IDHES Salle Pollack – ENS Paris-Saclay,
Bat Laplace, 2ème étage, à l’interphone du RDC sonnez à IDHES
61 Avenue du Président Wilson,
94230 Cachan

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Maître de conférences en sociologie, HDR (Habilitée à diriger des recherches) — Département Sciences Humaines et Sociales-CentraleSupelec. Chercheure au laboratoire du Changement Social et Politique (LCSP) - Université Paris-Cité